Interview : "Etre actif et avoir un esprit critique, cela évite les dérives sur Internet"

Derek Roth, plus connu sous le pseudo DinoFly par les adeptes d'internet, est rédacteur et correcteur sur un site web permettant de retrouver, sur ordinateur, les meilleurs jeux auparavant proposés sur consoles de salon. Il nous parle des dérives d'Internet et des moyens de s'en protéger.

Marine Quideau : Peut-on croire tout ce qui est propagé sur Internet ?
Derek Roth : Savoir si l'information donnée par un site web est fiable n'est jamais facile. Même un site dit "sérieux" peut diffuser des informations erronées. Il existe un phénomène récurrent très drôle à observer un 1er avril. A cette date, beaucoup de sites d'actualités diffusent un article entièrement faux sur un ton humoristique et le noient dans un flot d'informations sérieuses. Tout lecteur averti se rendra rapidement compte de la supercherie mais il arrive que d'autres sites utilisent cette fausse info la pensant avérée. Et là, des internautes peuvent tomber dans le piège.

Le phénomène Wikipedia pose également le problème de la véracité des informations diffusées. En effet, Wikipedia étant un site communautaire, tout internaute peut ajouter sa contribution à la rédaction d'un article ou corriger un texte déjà en ligne. On peut donc se demander comment fiabiliser une information que tout le monde peut changer. Il semblerait que cela fonctionne malgré tout. Certains articles proposés par l'encyclopédie communautaire comportent évidemment des erreurs mais une étude comparative avec une encyclopédie "classique" a montré que la quantité d'erreurs entre les deux sources était identique. Wikipedia a même l'avantage de pouvoir être corrigé par les lecteurs.


MQ : Comment être plus sûr des informations trouvées sur le web ?
DR : Il peut être très utile d'étendre ses recherches sur des sites étrangers lorsque l'on veut confirmer une information. Comparer la vision de sites américains, anglais ou français sur la guerre en Irak, par exemple, donne un bon aperçu de la pluralité de l'information sur Internet.
De plus, la fréquentation régulière d'internet permet de s'habituer à ce nouveau media. En surfant sur le web, il ne faut pas oublier d'être actif, d'avoir un esprit critique et ne pas s'arrêter de chercher lorsqu'on pense avoir trouvé. Sans cet esprit critique, on risque de se contenter du premier site abusant de sa liberté d'expression et ainsi de croire ce qu'on veut nous faire croire.
Attention, donc, de bien choisir ses lectures, tout comme on choisit un journal. Il faut en lire plusieurs avant de savoir celui qui nous convient le mieux.

MQ : Peut-on tout diffuser sur Internet ?
DR : Légalement, on ne peut pas, non. En gros, tout ce qu'il est interdit de dire au quotidien (incitation à la haine, propos racistes, réflexions négationnistes, pour ne citer qu'eux) l'est également sur la Toile.
En pratique, bon nombre d'internautes se permettent de tout dire en pensant être anonymes mais, fort heureusement, leurs messages sont généralement effacés rapidement par les responsables des forums car ceux-ci en sont légalement responsables depuis la ratification de la Loi sur la Confiance en l'Economie Numérique (voté par le Conseil Constitutionnel le 10 juin 2004 clarifiant le droit applicable aux services internet, NDLR).
Dans de nombreux pays, comme la France, il est très facile pour les autorités de fermer un site hébergeant un contenu illégal et d'en inculper les gérants. En revanche, dans le cas de certains pays, c'est quasiment impossible.
Aussi, la liberté d'expression ne plait-elle pas à tout le monde. Le gouvernement chinois, par exemple (la Chine étant le pays respectant le moins les libertés individuelles, NDLR) a bloqué l'encyclopédie Wikipedia à tous les internautes chinois. Pour les Chinois, cependant, Internet reste l'un des medias les plus fiables car il n'est pas sujet à un contrôle aussi restreint que la presse écrite, pour ne citer qu'elle.

MQ : Internet est-il en effet un media plus fiable que la télévision ou la presse écrite, par exemple ?
Selon moi, lorsque l'on est habitué à surfer sur Internet, on y trouve des informations plus fiables qu'à la télévision. J'ai souvent remarqué en regardant le journal télévisé que dans de nombreux reportages, les journalistes n'avaient pas vraiment vérifié les informations qu'ils diffusaient ou, en tout cas, qu'ils ne maitrisaient pas vraiment bien le sujet. TF1, Libération ou encore France 2 ont déjà prouvé qu’elles ne vérifiaient pas toujours leurs sources.
La différence sur Internet c'est la communauté d'utilisateurs. Aujourd'hui, la plupart des grands sites offrent la possibilité aux visiteurs de s'exprimer librement sur des articles publiés. Un article rempli d'approximations ou d'erreurs sera très vite repéré et corrigé.

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