Une réussite contrastée.


Une bulle de modernisme et d’activité est en train d’émerger dans le XIIIème arrondissement de Paris. Entre la Seine et la Rue du Chevaleret, l’opération Paris Rive Gauche a commencé depuis 1991. Malgré l’empressement du Premier Ministre Dominique de Villepin d’inaugurer et de graver son nom à l’entrée de la nouvelle université Paris VII-Diderot, la construction du site est encore loin d’être achevée.


Descente prévue à la station « Bibliothèque François Mitterrand ». Escaliers de bois, boutique de bonbons, troquets, la gare bénéficie d’un volume exceptionnel. Cependant, les kiosques métalliques contenant les éditions quotidiennes du gratuit 20 Minutes sont plein à craquer. Le transit est-il trop rapide ou les voyageurs encore rares pour qu’on ne se les arrache pas comme partout ailleurs ?
Pourtant, cette station est vouée à un bel avenir grâce à la construction progressive du nouveau « Quartier Latin de l’est parisien ». Depuis plus de quinze ans, bulldozers et camions-bennes ont investi cette partie du XIIIème arrondissement, autrefois sombrement décorée d’anciens entrepôts industriels en ruine. A l’angle des rues Marguerite Duras et Françoise Dolto, on pourrait presque croire à un chantier destiné à devenir une plage. Il n’y a encore que du sable et la pluie a creusé un semblant de lac artificiel. Tout autour, de nouveaux bâtiments aux allures d’une Défense miniaturisée et un concert de marteaux-piqueurs.

Le quartier est loin d’être terminé mais il semblerait qu’une nouvelle vie soit en train de s’y développer. Il y a deux ans, le Ministère de la Jeunesse et des Sports a profité d’une fin de bail pour déplacer ses locaux du XVème arrondissement vers la nouvelle Rive Gauche. Aujourd’hui, près de 600 fonctionnaires y travaillent et observent l’évolution des travaux. « Lorsque nous sommes arrivés, le quartier n’était pas encore très vivant mais de nombreux commerces investissent les lieux et la vie se développe », admet Isabelle Mai, réceptionniste au Ministère. Il est vrai qu’entre la nouvelle université et la Rue du Chevaleret, le paysage est encore un peu vide. Les commerçants et les employés du quartier gardent cependant bon espoir et parient sur l’ouverture de la faculté, prévue entre 2009 et 2010, pour animer les grandes avenues. « Les étudiants mettront certainement de la vie et on oubliera les débuts difficiles » ajoute Isabelle.

Malgré son enthousiasme quant à « l’harmonie architecturale » et « la modernité du quartier », Isabelle Mai soulève quelques points négatifs qui se sont imposés au fil des constructions. Son principal grief concerne l’Avenue de France, « une véritable autoroute ». En effet, elle a beau être flambant neuve, cette artère a aussi de nombreux défauts. Certes, les cyclistes y sont saufs et peuvent pédaler le long de la Seine en toute sécurité. On retrouve également l’empreinte du Maire de Paris Bertrand Delanoë qui souhaite favoriser les transports en commun. Les vélos bénéficient de quatre voies de circulation et les bus de deux allées centrales. Mais pour les rares automobilistes qui s’aventurent déjà sur cette longue impasse, rien n’a été pensé. « Il est impossible de se garer devant un quelconque bâtiment pour y déposer une livraison ou un passager » s’insurge Isabelle. Elle-même handicapée, elle reproche à la municipalité d’avoir voulu créer un quartier neuf et moderne mais de ne pas avoir pris en compte de nombreux paramètres.

Bientôt, 30 000 étudiants, 15 000 habitants et plus de 50 000 salariés investiront les lieux. L’opération Paris Rive Gauche est la plus importante opération d’urbanisme depuis la construction du Front de Seine. Seul le temps révèlera si les investissements considérables qui ont été faits jusqu’à aujourd’hui auront réussi à redonner vie à cet ancien quartier industriel.

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