Sauvez les bébés !


Un vrai dimanche d’hiver, ce dimanche 21 janvier 2007. Certes, les températures se sont adoucies, surprenant les Parisiens habitués à quelques degrés de plus, mais les rues de la capitale sont animées. Les badauds se pressent dans les boutiques du Marais, profitant des premiers jours de soldes. Le square de la Place des Vosges est investi par des jeunes couples amoureux, des parents fatigués qui trouvent un moment de répis pendant que les enfants jouent, quelques octogénaires cherchant refuge dans les salons de thé environnants.

Pourtant, Place de la République, c’est un autre dimanche qui s’organise. Un dimanche de militantisme. Un dimanche de bataille, presque. Au loin, on distingue de larges pancartes. On y lit des mots forts, un peu trop pour un dimanche. « Vie », « Respect », « Droit ». Et enfin, masquant presque ce beau soleil hivernal, une banderole colorée se soulève et affiche le mot d’ordre du rassemblement, « Avortement ».

Ce sont des collectifs de lutte contre l’avortement qui ont investi l’immense place où trône le visage de la République. Une voix crillarde s’échappe d’un mégaphone, assénant des messages parfois violents à la foule. « En 30 ans, ce sont 7 millions d’enfants que l’avortement a tués ». Le voilà, le message, la voix étant illustrée de photos en grand format dénonçant les procédures d’interruption volontaire de grossesse.

D’après la rumeur qui monte depuis les manifestants, les organisateurs attendent quinze mille personnes. En réalité, à une heure du début de la marche, ils ne sont que quelques centaines. Malgré leur faible nombre, ces militants semblent confiants, déterminés et certains de la valeur de leur combat. Là encore, des discours forts se dégagent du brouhaha de la rue. « Nos élus devront répondre à cette horreur qu’est l’avortement », déclare cette sexagénaire. Manteau de vison, collier de perles blanches, presque une caricature de la population qu’on peut attendre à un tel rassemblement. Les caméras de France 2 sont présentes ; l’un des organisateurs en est tout émoustillé. Il replace son col de chemise, passe la main sur son crâne un peu dégarni et semble prêt à délivrer l’interview de sa vie.

En longeant les trottoirs de la place, on se rend compte que la manifestation n’interpelle pas la foule. Chacun semble vaquer à ses occupations dominicales sans vraiment se préoccuper de la marche qui se prépare. Un groupe de jeunes, à la sortie du fast-food, se moque même de l’allure générale des manifestants. « On se croirait à la sortie de la messe », ricane celui-ci. Allant plus loin dans l’analyse, son ami ajoute avoir vu un « quinqua en costume de chasse » et se demande « où sont le cheval et les chiens. »

Finalement, par un beau dimanche d’hiver, il n’était peut-être pas judicieux d’organiser une telle manifestation. Une balade à travers un Paris ensoleillé et vivant valait sûrement mieux.

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