Hugo Chavez : portrait d’un « caudillo » au Venezuela.


Dimanche 3 décembre 2006. Hugo Chavez n’attend même pas la fin du dépouillement des urnes pour prononcer un discours grandiloquent au peuple vénézuélien depuis le balcon du palais présidentiel Miraflores, à Caracas. Il proclame alors la « victoire de la révolution » avant de saluer son ami, le leader cubain Fidel Castro.

Hugo Chavez est entré dans la cour politique avec un coup d’Etat qu’il dirige lui-même en 1992. Ses promesses de réformes socio-économiques et sa ferme intention de mettre fin à la corruption qui ronge son pays séduisent les populations les plus démunies. En décembre 1998, il obtient plus de 56% des voix vénézuéliennes. Commence alors un véritable règne chaviste. Comme il l’avait annoncé, Hugo Chavez, soutenu par les déshérités et les forces de gauche, entame sa « révolution pacifique et démocratique ».

Dans son bureau, entouré des portraits des Libertadores Bolivar, Miranda et Sucre, le président Chavez prépare sa « révolution bolivarienne ». C’est ainsi qu’il décrit lui-même les transformations politiques, sociales et économiques qu’il souhaite instaurer dans son pays. A l’image de Simon Bolivar, vénéré en Amérique latine, Hugo Chavez œuvre pour voir son rêve d’une Amérique latine unie se réaliser.
Ce narcissique président rêve d’exercer une « influence planétaire ». A travers ses discours quasi messianiques, il diffuse sa conviction, celle d’être prédestiné à l’accomplissement de grandes choses, mû par un désir de célébrité. Hugo Chavez semble vouloir créer sa propre légende. En août 2005, il déclare qu’il lui incombe de « sauver la planète » et ne cesse de répéter que George W. Bush veut l’assassiner. Il se veut promoteur d’une alliance politique mais aussi militaire en Amérique latine, dans le cadre de « l’Axe du Bien », contrepoids de « l’Axe du Mal » américain.

Lors de sa première élection en 1998, les Etats-Unis ne voient rien d’inquiétant dans la rhétorique du nouveau président. Mais dés le début des années 2000, Chavez se rapproche du Lider Maximo, Fidel Castro, et ne cache plus son orientation à gauche. Il paraphrase même Lénine et sa célèbre formule, « l’impérialisme, stade suprême du capitalisme », et déclare : « Le capitalisme néolibéral est le stade suprême de la folie capitaliste ».
Orateur hors norme, il est devenu le meilleur télévangéliste de l’Amérique latine. Omniprésent dans les médias, omniscient, il possède même son propre programme dominical, Alo Presidente !, qui commence à l’heure de la messe. En prédicateur, il sermonne ses fidèles vêtus de rouge, couleur des chavistes, vénère le Che et s’insurge contre « El Diablo », George W. Bush.

Hugo Chavez fascine par sa double personnalité. Est-il un populiste de gauche, nostalgique des temps révolutionnaires qu’a déjà connus son pays ou bien un visionnaire charismatique, désireux d’une justice sociale oubliée au Venezuela ? Gabriel Garcia Marquez, le célèbre écrivain, confirme l’ambiguïté de ce personnage lorsqu’il déclare : « J’ai compris que je m’étais entretenu avec deux hommes différents en une seule personne. Le premier, un homme à qui le sort a donné une chance de sauver son pays, et le second, un illusionniste capable d’entrer dans l’histoire comme un despote ».

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